La
seconde festivité des confrères correspondait
à la commémoration de la première
translation des reliques de saint Vincent. Une messe
solennelle les réunissait alors, sous peine
toujours d'une amende de 2 sous. Comme le jour de
la Saint-Vincent, les complies étaient prises
en charge par l'association
-
la procession du lundi de Pentecôte
Tôt
le matin, avant le départ de la procession,
une messe basse, ditte des confrers, inaugurait
pour eux les festivités. Le corps du saint
leur était ensuite remis au terme d'une cérémonie
haute en couleur dont nous avons parlé déjà.
Le portage du corps et l'entretien des chemins
dont ils se chargeaient leur rapportaient une gratification
annuelle de 19 livres, source essentielle de revenus
pour l'association. En 1690, après avoir connu
sans doute un différend avec le chapitre, les
confrères proposèrent de reprendre cet
usage, moyennant l'obtention de leur dû habituel.
Manifestement, l'honneur de pouvoir porter le corps
saint ne suffisait pas à compenser l'absence
d'un dédommagement financier
Auparavant,
la veille de la procession, les derniers confrères
reçus avaient charge, nous l'avons dit déjà,
de racommoder les chemins du tour de la procession
pour la plus grande assurance des confrers porteurs
du corps saint et eviter par la facheux accidens qui
pourroient survenir. Les dépenses consenties
à cette occasion consistaient pour l'essentiel
en compensations récréatives et non
pas en des frais engendrés par le mauvais état
des chemins... En 1746, on les limita à 14
livres à répartir entre les seuls confrères
travailleurs.
Enfin,
différents ornements en possession de la confrérie
contribuaient à rehausser le faste du défilé,
notamment une croix avec sa cosse, l'image d'argent
que le vallet porte au bout d'un baston et aussy ecuson.
Le bâton du maître de la confrérie,
quant à lui, serait un peu plus tardif.
Autres
pratiques pieuses
Cette prise en charge partielle de l'aspect matériel
du culte de saint Vincent constituait un versant des
activités de la confrérie. En s'adonnant
à certaines oeuvres, les confrères espéraient
avant tout favoriser leur destinée personnelle.
Chacun, son heure venue, pourrait puiser dans l'accumulation
des suffrages individuels et bénéficier
d'une aide semblable à celle qu'il avait lui-même
contribué à offrir à ses prédécesseurs.
Outre
un obit, six messes spéciales seraient
célébrées pour son âme.
Tous les membres assisteraient sous peine d'amende
à ses funérailles et au service de la
confrérie. Dans le même sens, chacun
était encouragé à accompagner
le viatique porté à un associé.
A partir de 1739, une messe d'agonisant fut instaurée
pour chaque confrère dangereusement malade.
Ces gestes, ces offices, ces prières visaient
à attirer les grâces divines, non pas
en ligne directe, mais par l'intercession de saint
Vincent.
Les
confrères obtinrent également durant
la première moitié du XVIIe siècle
le droit de porter en terre les personnes inhumées
à l'état de chanoine ou de chapelain.
En 1606 encore, la fonction était remplie par
quatre hommes. Jean Navet est le premier pour
lequel nous avons rencontré ce service, en
1651. Le chapitre confirma cet usage en 1739 tout
comme les confrères dans leur compte de 1745-1746
: Pour avoir porter plusieurs corps tant enterrez
a l'etat de chanoines que de chapelains, mais de tant
que de'pensez entre les confreres ne se mettant icy
que pour conserver le droit de cette confrairie. Il
s'agissait, à l'état de chapelain, de
la demoiselle Amand. Les confrères assuraient
donc le port des dépouilles de personnes extérieures
au chapitre, mais inhumées selon cet état.
En
1779, Messieurs du chapitre sollicitèrent les
confrères afin qu'ils portent les reliques
de Saint-Landry et de Sainte-Ursule aux jours de leur
fête. Depuis 1690, ceux-ci s'occupaient d'ailleurs
déjà du corps de saint Landry à
la procession et en d'autres jours ordinaires.