En
prémices au jubilé de 1877 qui consacre
les douze cents ans de la mort de saint Vincent, Monseigneur
Dumont érige canoniquement la confrérie
Saint-Vincent à Soignies sous le décanat
de Jules-César François en 1876. En
effet, semble-t-il, la confrérie n'aurait pas
été restaurée canoniquement après
le Concordat. A cette occasion, elle est dotée
de statuts et des indulgences sont accordées
à ses membres. A partir de ce moment, l'évolution
de la confrérie relève de sa contemporanéité.
Un
certain nombre de publications décrivent l'érection
de la confrérie en ces termes : "Les documents
puisés dans les archives de la paroisse et
la tradition constante portent à croire que
la confrérie Saint-Vincent a été
érigée canoniquement dans l'ancienne
collégiale de Soignies, en vertu d'une bulle
de Clément VIII, en date du 14 mai 1599. Des
statuts furent donnés à cette confrérie
par Monseigneur Guillaume de Berghes, Archevêque
de Cambray, le 2 mai 1606. Ces statuts sont consignés
dans un registre, qui porte la date du 25juin 1739.
Mais on ne possède plus ni la bulle d'institution,
ni l'approbation authentique de Monseigneur de Cambray.
Un inventaire des papiers de la Confrérie dressé
en 1802, fait mention d'une bulle qui se trouvait
dans le coffre aux archives. Le 3 juin 1876, Monseigneur
Edmond Joseph Dumont, Evêque de Tournay, après
avoir approuvé les nouveaux statuts présentés
à Sa Grandeur par M. Jules-César François,
curé-doyen de la paroisse, érigea canoniquement,
dans l'église paroissiale de Saint-Vincent
à Soignies, une confrérie sous le titre
et l'invocation de saint Vincent, patron de la ville.
Sa Sainteté Pie IX, par un indult, en date
du 19 mai 1876, accorde aux membres de la dite confrérie,
plusieurs indulgences plénières, et
à tous les fidèles qui feront, le lundi
de la Pentecôte, le pèlerinage, connu
sous le nom de Tour de Saint-Vincent, une indulgence
plénière ".
Le
9 novembre 1802, à la demande de Jacques Vincent
Bouilliart, maître de la confrérie, Lambert
Laveine et Jean-François Demeuldre, confrères,
se transportent chez Joseph Bidez afin d'y reprendre
le coffre contenant les papiers de leur association
pieuse. Un inventaire est ensuite dressé en
présence du maître et du confrère
Jean-Baptiste Desmette. Il y est fait état,
outre la bulle pontificale et sa ratification par
l'archevêque de Cambrai, de quatre copies authentiques
de rentes, d'une farde de pièces justificatives,
de cinq comptes anciens, du livre de compte actuel,
d'une consulte d'avocat, de la copie d'un placet présenté
au Chapitre, d'un livre de résolution et du
livre des statuts. Avec les comptes et les quittances,
le livre des statuts est seul conservé à
Mons; il porte la date du 25 juin 1739. Aux côtés
de ce règlement, il existe une liste des membres
de la fin du XVIIIe siècle au début
du XIXe siècle, une copie des indulgences accordées
par l'Evêque de Tournai en 1832 et des extraits
des procès-verbaux d'assemblées relatifs
à la réception des confrères
de 1770 à 1832.
Ce
sont ces statuts qui régissent la confrérie
jusqu'à 1876. Le 14 juillet 1836, le maître
et connétable ainsi que les anciens confrères
confirment vouloir maintenir à toujours
Z'ensient règlement sans y apporter aucune
involiacions.
Avant
de remplir des obligations envers l'association pieuse
et de bénéficier de ses avantages spirituels,
tout confrère doit être reçu en
son sein. Le maître et les anciens confrères
n'acceptent parmi eux que des personnes de bonne vie
et bien famées et ce au cours d'une assemblée
ordinaire et à pluralité des deux tiers
des voix des membres. Un droit d'entrée de
quatre florins est alors imputé au nouveau
confrère.
Les
extraits des procès-verbaux d'assemblées,
relatifs à la réception des confrères,
de 1802 à1832, apportent un complément
d'informations. Au cours de ces trente années,
la société enregistre 88 admissions
lors des assemblées de mai (Pentecôte)
et de juillet (fête patronale). Il y a néanmoins
deux exceptions. En 1802, année de reprise
des activités, 19 membres sont accueillis au
cours de trois réunions au mois de novembre.
En 1812, l'assemblée se tient au mois d'octobre
(2e translation). Lors de son entrée, le nouveau
membre fait promesse d'observer les statuts et résolutions
et s'oblige sur sa personne et ses biens. En 1824,
le droit d'entrée s'élève à
6 livres, soit 1 couronne.
Ces
extraits de procès-verbaux mentionnent 23 professions,
dont 19 de 1802 à 1804. Ce sont 7 fermiers,
5 prêtres dont les doyens Dervaux et de Saint
Moulin et un chanoine, 3 hommes de loi dont le maire
de Soignies PJ. Plétain, 3 marchands, 2 écrivains,
1 maître de carrière, 1 aubergiste et
1 maçon. Cinq enfants sont également
admis. Deux en 1802, Vincent Théodore Bouillart,
4 ans et Vincent Raoult, 13 ans; en 1813, Pierre-Joseph
Laveine, 4 ans et en 1823, François de Paule
Dupont, 3,5 ans et Pierre-Joseph Wincqz, 12 ans. Ils
sont tous fils de confrères qui s'obligent
pour eux jusqu'à leurs 18 ans. Par ailleurs,
les deux premiers garçons sont respectivement
le petit-fils de Jean-Baptiste Desmette et le fils
de Jean-Baptiste Raoult qui ont sauvé et caché
le corps et le chef de saint Vincent, de 1799 à
1802. Cette dernière considération fait
apparaître une autre constatation : la présence
des familles au sein de la confrérie, tant
dans le temps que ponctuellement.
De
1802 à 1832, dans les admissions, sont représentées
par deux occurrences les familles Bidet, Bouillart,
Denis, Lechien, Meurs, Michel, Pourbaix et Stievenart;
par trois occurrences, les familles Antoine, Cuvelier,
Desmette (apparentée à celle des Bouillart),
Dupont et Rombaut; par quatre occurrences, la famille
Laveine et par cinq occurrences, les familles Botte
et François. Au bas de la résolution
du 16 juillet 1837, les familles Desmette et Remy
représentent chacune deux signatures et les
familles Botte, François et Laveine, quatre
signatures.
En
1830, le compte rendu de réception des confrères
mentionne deux personnes qui n'ont pas encore payé
leurs amendes pour 1829. En 1823, Vincent Raoult,
admis en 1802, se représente pour être
réintégré au rang où il
était. Il n'est noté aucun cas d'exclusion,
ni de sortie (pour décès ou volontairement).
Selon
la dernière modification des statuts en 1739,
trois personnes exercent des responsabilités
au sein de la confrérie Saint-Vincent. Le valet
fait office de messager. Les amendes sont passées
au plus offrant qui est chargé de les percevoir;
elles servent à célébrer la messe
des trépassés et à pourvoir aux
nécessités de l'association; l'obtenteur
doit fournir une quittance chaque année.
Enfin le maître-connétable convoque les
assemblées, tient les comptes et les rend le
lendemain de la Saint-Vincent.
Unis
par un sentiment d'entraide mutuelle, les membres
de la confrérie doivent dès lors respecter
statutairement certains devoirs. Tout d'abord, chaque
confrère est tenu de participer à quatre
processions : le jour de l'Ascension, le lundi de
Pentecôte, le jour de la fête de saint
Vincent (le 14 juillet) et le dimanche suivant, à
savoir la solennité de saint Vincent.
La
veille de la Pentecôte, les jeunes confrères,
non encore parvenus a la maîtrise annuelle,
accompagnent le maître afin de raccommoder les
chemins de la procession. Le lundi, avant le tour,
les confrères assistent à une messe
basse, dite messe des confrères, et vont à
l'offrande. Le lendemain, ils font de même à
un office solennel chanté au maître-autel
de l'église paroissiale. Ils sont également
tenus d'assister à une cérémonie
identique le 25 septembre, jour de la première
translation des reliques de saint Vincent.
La
veille du jour de la Saint-Vincent, après avoir
assisté aux vêpres, les confrères
raccompagnent le maître à son domicile.
Le 14 juillet, c'est de chez lui aussi qu'ils se rendent
en corps à la messe solennelle après
matines, avant d'assister à la procession.
Le lendemain, tous se réunissent pour écouter
l'obit chanté pour l'âme des confrères
trépassés.