Des origines à la révolution Française : sociabilité profane


Les préoccupations des confrères ne se limitaient pas aux pratiques religieuses. Si la Réforme catholique, comme nous l'avons dit, a marqué les confréries dans le diocèse de Cambrai, certaines pratiques des confrères de Saint-Vincent s'inscrivaient dans une optique pour le moins divergente. Dès la fin du XVIe siècle, des statuts confraternels soumis à l'épiscopat condamnèrent la pratique du banquet, qui disparut définitivement des textes normatifs au siècle suivant. En 1581, les statuts de la confrérie du Saint-Nom de Jésus, approuvés par l'ordinaire, marquent cette évolution à Soignies. Leur influence sur les autres groupements de la ville fut de ce point de vue inexistante. La liste des victuailles portées en mises au cours d'un exercice comptable de la confrérie Saint-Vincent suffit à en témoigner. A titre d'exemple, citons quelques-uns des produits consommés par les 30 confrères de 1681 : 2 tonnes de bière, 40 livres de boeuf, un demi-veau, 30 livres de mouton, 2 foies de boeuf, 12 couples de poulets, 22 livres de beurre, 2 quarterons et demi d'oeufs, etc. Que l'on se rassure, ce repas pantagruélique durait pour le moins 3 jours. A  ce  festin, s'ajoutaient  encore  quatre  ou  cinq fois  par an  quelques
rafraîchissements après les réunions des confrères. Au total, ces frais de bouche constituèrent en moyenne 53,6 % des dépenses de la confrérie au XVIIe siècle, avec un paroxysme entre 1680 et 1687 (66,4 %). Au XVIIIe siècle, le dîner disparut des comptes.

  
Des origines à la Révolution française
La fondation
Les activités pieuses
Sociabilité profane
Population confraternelle
La confrérie Saint-Vincent au XIXe siècle
Première partie
Deuxième partie
Liste des maîtres de la confrérie
De 1930 à aujourd'hui
De 1599 à 1929
Vie quotidienne
Vincentius
Règlement de la Confrérie
   


Plutôt que de se placer sous l'autorité du clergé paroissial, c'est-à-dire du curé, comme le voulait l'usage après 1604, la confrérie Saint-Vincent continua à obéir aux injonctions d'un connétable laïque, qui présidait un groupe directeur, composé du maître en titre et des anciens confrères, entendons par là, sans doute, ceux ayant déjà atteint le stade de la maîtrise. Nous ignorons par contre la procédure de désignation du connétable. C'est à lui et aux mêmes anciens confrères que le maître descendant avait à rendre compte.

La fonction magistrale était quant à elle attribuée selon l'ancienneté des membres, sans égard aux qualités des promus. Le règlement de 1739 chargea les jeunes confrers qui ne seront point parvenus à la maitrisse de la réparation des chemins du tour en compagnie du maître de l'année. Chaque confrère -s'il vivait assez longtemps- occuperait un jour cette fonction, quand tous ceux entrés avant lui dans l'association l'auraient précédé. D'où la rédaction annuelle d'une liste des membres, citant toujours dans le même ordre les confrères en vie et ajoutant les noms des nouveaux venus en fin de document. On verra clairement dans le tableau ci-dessous la progression de la charge de maître dans la liste des membres. La lacune des années 1682-1683 correspond à la maîtrise de Jean François Evrard. Le sigle (+) indique que la personne est décédée cette année-là.

Accession à la maîtrise (1680-1684)
1680-1681
1681-1682
1683-1684
  Jacques Demeuldre, maître
Philippe De Lescolle
Jean-François Evrard
Chanoine De Lau (+)
Jacqs Boullart (+)
Clément Laveine
  Jacques Demeuldre
Philippe De Lescolle, maître
Jean-François Evrard
Clément Laveine
Jean Brunebarbe
Nicolas Jocquet
  Jacques Demeuldre
Philippe De Lescolle
Jean-François Evrard
Clément Laveine, maître
Jean Brunebarbe
Nicolas Jocquet


 

   
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