En 1899 et les années suivantes
Un véritable coup d'envoi est donné au décor historique en 1899, grâce au dynamisme et au dévouement de Léon Vanderbeke. Il est né à Bruges le 24 mai 1865 et est installé depuis pas mal de temps à Soignies, où il exerce l'activité de brasseur (brasserie du Progrès et ensuite brasserie Saint-Georges); il est domicilié successivement à la rue Saint-Antoine (actuellement, rue de l'Ecole Moderne) et à la chaussée de Braine. Son frère aîné, Ernest, a repris, à Bruges, le 5 avril 1887, l'étude notariale de leur père, Désiré, entré en fonctions le 28 mai 1878 (successeur actuel : Maître Bruno Gerin, petit-fils d'Antoine Vanderbeke (ou Van der Beke), notaire de 1924 à 1962, et arrière petit-fils d'Ernest Vanderbeke, décédé le 3 septembre 1924).

L'homme est et sera connu pour son engagement envers diverses causes : société de gymnastique du " cercle des jeunes gens ", fanfare Sainte-Cécile (dont le dirigeant est maintenant A. Devrin), organisation d'une fête aérostatique le dimanche 20 août 1899, constitution en 1902 de l'association " Soignies-Attraction" dont il devient président.

Grâce à lui, au début de l'année 1899, une quarantaine de jeunes gens du cercle équestre sonégien se mobilisent en vue de ressusciter un épisode de la vie de saint Vincent. Si elle s'avère quelque peu différente, l'option finale reste néanmoins en liaison directe avec la manifestation du jour, puisqu'elle rappelle un acte de donation du comte Baudouin VI de Hainaut (Baudouin IX en Flandre, mieux connu comme Baudouin " de Constantinople " à la collégiale de Soignies en 1198. La représentation, équestre et pédestre, est majestueuse. Les figurants sont parés de costumes de choix pris en location auprès de la maison Sommerling à Gand (" costumier hors concours aux expositions de Bruxelles et d'Anvers "). Précédés de quatre trompettes thébaines et du Bailli de Soignies suivi de douze hommes d'armes (groupes équestres), dix pages portent les insignes du comte et les emblèmes allégoriques, tandis que deux hérauts d'armes, à cheval, annoncent le comte et les seigneurs de sa suite; viennent alors le Magistrat de Soignies et douze cavaliers qui ferment la marche.

Outre plusieurs groupes d'enfants, entièrement renouvelés, cette même année de fin de siècle donne également naissance à un hommage à saint Landry. Vêtu "d'ornements épiscopaux de grande valeur", il est entouré de douze pages recrutés parmi les élèves des Frères des écoles chrétiennes. Ces pages ne survivront que de quelques années au départ des Frères de Soignies, à l'été 1957, mais ils reprennent vie, sous de tout nouveaux costumes, le 27 mai 1996.
 
  
Ligne du temps
Les premiers essais de figuration historique
La rentrée solennelle du Tour
Les premiers groupes historiques
En 1899 et les années suivantes
L'actuelle procession historique, axée sur la vie de saint Vincent
Restituer l'exemple de la vie de saint Vincent
L'éclosion d'une "procession historique"
Le mélodrame religieux "Vincentius" et son apport à la procession historique
En déplacement
Un nouveau curé-doyen
La procession historique continue à s'étoffer
Les souverains ayant rendu hommage à saint Vincent
L'après-guerre
Le haut de gamme
Un film
Une année mémorable
Un carillon mobile
1977 : treizième centenaire de la mort de saint Vincent et fusion de communes
Une longue fidélité
De fréquentes participations à d'autres processions
L'accueil de la "Sint-Landricus Schuttersgilde"
Aujourd'hui... et demain
   
Enfin, un nouvel opuscule est publié à l'intention des pèlerins; il rappelle l'histoire du culte de saint Vincent et de la collégiale, guide le pèlerin dans ses pratiques de dévotion et remémore certains souvenirs historiques liés au culte précité. Il est mis en vente à l'offranderie desservie par le sacristain Vincent Riche, ainsi qu'au bureau de l'hebdomadaire local " L'Impartial ", qui s'empresse d'en publier le contenu dans ses éditions des dimanches 14 et 21 mai.

N'hésitant pas à écrire " qu'on ne saurait trop bien faire pour relever ces solennités qui intéressent la cité tout entière" (fut-ce au niveau du commerce !), cet hebdomadaire chrétien n'en reconnaît pas moins : "Ce qui frappe le plus dans la procession, c'est encore et toujours la grande châsse de saint Vincent et celle du Chef de notre glorieux Patron. C'est autour des précieux restes du grand saint que se concentrent la vie et le mouvement, expressions touchantes de la foi du peuple. Saint Vincent, priez pour nous, Soignies a tant besoin de votre secours ". De nos jours encore, la signification reste avant tout religieuse : la procession historique nous presse de vivre toujours mieux, au quotidien, de la vie de notre Baptême.

Un autre hebdomadaire d'inspiration chrétienne, "La Gazette de Soignies", signale l'édition, au prix de 10 centimes, " d'un programme donnant le détail du cortège, les noms des nouveaux figurants ainsi qu'une notice sur la procession "

Si la pluie contrarie finalement la sortie de cette grande procession du lundi 22 mai 1899, il n'en reste pas moins "qu'on n'a jamais vu çà à Souguies "; tel est en tout cas le cri du cour d'un spectateur De toute façon, l'envol est pris et la publicité -déjà, par exemple, dans l'édition du mardi 18 avril du journal "Le XXe siècle"- n'est pas passée inaperçue.

D'autres groupes historiques se succèdent donc au fil des lundis de Pentecôte, mais toujours sans que l'ordonnance antérieure de la procession s'en trouve affectée. Derrière la croix et les acolytes, apparaissent d'abord la longue file des statues, bannières et reliquaires, portés par des jeunes gens, ainsi que les groupes de jeunes filles.

Sous un soleil cette fois prodigue de ses rayons, la première procession du XXe siècle est complétée, à grand renfort de trompettes, hallebardiers, arquebusiers et chevaliers de la Toison d'Or, d'une évocation du passage à Soignies et en sa collégiale, le 3 septembre 1549, de l'archiduc Philippe, fils de Charles-Quint et futur Philippe Il.

Ensuite, 1901 remémore l'octroi à la cité d'une charte-d'affranchissement par le comte de Hainaut Baudouin IV, dit le Bâtisseur, en 1142.

Est-ce à dire que ces innovations soulèvent l'enthousiasme général? Certes non, si l'on en juge par telle ou telle critique. Ainsi, par exemple, un "saudart" exprime-t-il son désappointement, le dimanche 2 juin 1901, dans les colonnes de l'hebdomadaire socialiste "Le Clairon". Il regrette que le collège échevinal refuse un subside aux lanciers, contraignant des ouvriers à organiser une collecte pour couvrir leurs frais de participation à la procession, mais engage en revanche des frais au profit d'initiatives de prestige.

Quoi qu'il en soit, il n'est plus guère question de faste historique à compter de 1902. Mais les autres groupes continuent à faire l'objet des meilleurs soins.

Vient alors le temps de querelles politiques plus marquées, qui aboutissent à l'absence de l'Homme de fer, privé d'armure, au Tour et à la procession de rentrée du lundi 8 juin 1908. Cette armure appartient toujours au pouvoir communal à cette époque où le "parti catholique" est minoritaire.

L'Homme de fer réapparaît le lundi 31 mai 1909, en même temps qu'éclôt " une phalange de 150 enfants portant une palme sur des costumes chamarrés d'or ". Derrière eux, prend place la Maîtrise de la collégiale; ses choristes portent en bandoulière une écharpe aux couleurs de Soignies. "La fanfare se joint à eux et, pour la première fois, on exécute le choral-marche de Reyns -un compositeur brugeois- harmonisé et mis en paroles par un sonégien : "Célébrons par nos accents ...

Un nouveau groupe d'enfants fait surface l'année suivante. Ils sont vêtus d'un manteau de pourpre garni d'hermine.

Mais voici que l'Homme de fer fait parler de lui. Au retour du faubourg d'Enghien, le lundi 12 mai 1913, il se met à "lancer son cheval à droite à gauche, caracolant, comme on disait autrefois, tout le long de la procession ", ce qui suscite immanquablement des commentaires négatifs. Une procession requiert, il est vrai, sérieux et tenue digne.

Le lundi 1er juin 1914, telle un mauvais présage, "une pluie fine et persistante ne cesse de tomber jusque midi ". Seuls, les tambours, la fanfare Sainte-Cécile et un groupe d'enfants et de chantres escortent, avec des cavaliers et l'Homme de fer, saint Vincent jusqu'en sa collégiale. Ce n'est cependant que partie remise : ultime satisfaction à la veille d'un conflit long et meurtrier, la solennité de la fête de saint Vincent, favorisée le dimanche 19 juillet par un temps splendide distillant " une note joyeuse et charmante ", donne d'admirer pour la première fois les nouveautés absentes le lundi de Pentecôte. Il s'agit tant d'un groupe représentant saint Landry, costumé richement et monté sur un cheval blanc ", que du " groupe chantant des jeunes filles entourant les reliques de sainte Waudru et costumées en suivantes de la sainte, portant au front une couronne dorée et à la main un bâton surmonté d'une croix et orné d'une flamme et de rubans aux couleurs de saint Vincent ".
   
Les premiers groupes historiques
Restituer l'exemple de la vie de saint Vincent
  
 
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