Notre
objectif principal consistera ici à décrire
toutes les facettes de l'itinéraire actuellement
pratiqué à l'occasion du "Grand
Tour'. Nous nous arrêterons tout spécialement
aux chapelles auxquelles s'arrête le pèlerin.
Elles sont le signe le plus visible du tour, la manifestation
la plus concrète de son inscription matérielle.
C'est en cheminant de l'un à l'autre de ces
modestes monuments que l'on perçoit le caractère
original du culte rendu au patron de Soignies.
Chaque fois que la chose sera nécessaire, nous
nous appuierons certes sur l'un ou l'autre épisode
appartenant à l'histoire de ce pèlerinage
annuel. Nous insisterons cependant en priorité
sur la dimension spatiale et matérielle de
la manifestation. Le "Grand Tour" représente
aujourd'hui la persistance d'un itinéraire.
A ce titre, il est trace historique et témoignage
sur une forme permanente de la dévotion "populaire".
C'est la raison pour laquelle il nous semble important
d'analyser au microscope le trajet suivi.
Aucun document ancien ne précise le détail
du tracé du "Grand Tour". Une description
de l'itinéraire, mise par écrit au milieu
du 17e siècle, apparaît comme un témoignage
tout à fait exceptionnel. Malgré le
peu d'intérêt que l'auteur de cet écrit
manifeste à l'égard de la description
de l'itinéraire proprement dit, on perçoit
que celui-ci est bien fixé et qu'il se rapproche
fort, pour autant qu'on puisse en juger, de l'itinéraire
emprunté aujourd'hui.
L'existence de "quinze chapelles du Tour",
connues dès 1629, montre la stabilité
des points de passage.
Le "Plan Terrier" du chapitre, établi
en 1770, se base probablement sur les emplacements
de ces mêmes chapelles pour délimiter
la zone concernée par la "franchise",
cette charte octroyée en 1142 aux "burgenses"
de Soignies.
Faire le "Grand Tour" correspondrait de
cette manière à baliser les frontières
du territoire à l'intérieur duquel tous
les habitants bénéficient de droits
particuliers et d'un mode de vie original, notamment
en ce qui concerne le rapport à l'autorité,
en l'occurrence ici le chapitre Saint-Vincent, successeur
du patron et fondateur Vincent.
Associer le Tour Saint-Vincent à la "franchise"
impose évidemment que l'on se penche sur cette
dernière, surtout considérée
sous l'angle des structures territoriales qu'elle
implique.
Plusieurs des points principaux qui permettent de
tracer le polygone de la "franchise" sur
le Plan Terrier de 1770 se trouvent aux "quatre
coins" de Soignies, tous à la même
distance de la collégiale et, concurremment,
le long d'une voie principale conduisant vers l'imposant
sanctuaire.
Le Grand Tour apparaît donc comme un périple
autour des points "cardinaux" de la "franchise".
Il emprunte en effet les chemins qui serrent au plus
près le polygone un peu abstrait de ce "territoire".
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