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Jusqu'en
1776, le Tour Saint-Vincent rencontrait la chaussée
de Mons dans le simple prolongement de l'actuelle
rue des Trois-Planches. Il passait donc directement
de cette rue à la rue Prévôt,
sans changer de direction. Il traversait ensuite la
chaussée et retrouvait, dans l'alignement,
le "chemin Vert" ou "chemin des Germes"
(actuelle rue des Archers). Il l'abandonnait bientôt
et bifurquait brusquement à droite pour rejoindre
un tronçon actuellement appelé, au-delà
de la voie ferrée, chemin du Tour-Petit-Château.
Après 1776, il semble que l'on ait condamné
comme voie carrossable le tronçon (actuelle
rue Prévôt) du chemin des
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Trois
Planches situé entre les deux chaussées.
Ce tronçon permettait en effet d'éviter
trop
facilement leur point de convergence. Il s'agissait,
par l'interdiction d'utiliser le chemin correspondant
à l'actuelle rue Prévôt, d'obliger
les voituriers à se soumettre au contrôle
installé au lieu-dit "Borain" ou
"bascule du Borain". Ce point, situé
au "confluent" des deux chaussées,
était le lieu où se percevaient la taxe
d'utilisation des chaussées et les amendes
en cas de surcharge.
Au 19e siècle, le prolongement de la rue des
Trois Planches (actuelle rue Prévôt)
n'est pas repris sur le plan parcellaire de Popp.
Il ne sera réinstauré qu'après
la suppression des barrières, voire après
la construction du viaduc au-dessus de la voie ferrée.
Cette "réapparition" indique la très
probable persistance d'une certaine structure utilisable
sur le terrain, et ce malgré le silence de
la carte. Il semble bien qu'après 1776, le
Tour continuait à emprunter l'ancienne assiette
du chemin, ne serait-ce qu'en suivant les limites
inscrites dans le parcellaire, négligeant ainsi
les nouvelles chaussées.
Création
de la Voie ferrée en 1841 et du viaduc en 1936
Après
1841, suite à la construction de la voie ferrée,
un nouvel obstacle surgit sur l'itinéraire
des pèlerins à hauteur du chemin du
"Tour Petit--Château". L'existence
d'une maison de garde à cet endroit reste le
signe manifeste qu'on y avait installé un passage
à niveau et que, dès lors, le pèlerinage
pouvait continuer à s'effectuer en respectant
son itinéraire traditionnel. Il est toujours
possible aujourd'hui de recueillir des témoignages
qui confirment que le Tour passait bien par ce point
jusqu'au moment de la seconde guerre mondiale.
Le
grand changement devait intervenir après 1936.
Du fait de la construction du viaduc et du réaménagement
des alentours de la gare et de la ligne Mons-Bruxeiles,
le passage à niveau de la rue du Tour Petit-Château
devenait théoriquement inutile.
Dans la perspective d'une suppression de ce passage,
une enquête de commodo-incommodo fut ouverte
à ce moment. L'abbé Scarmure, alors
doyen de Soignies, fit valoir la tradition séculaire
du passage du Tour à cet endroit. Cet argument
fut le seul à être accepté pour
le maintien du passage à niveau dans ce secteur.
Pendant quelques années, jusqu'à la
seconde guerre mondiale, le Tour négligea le
moderne viaduc pour passer par l'ancien itinéraire.
Les pèlerins continuèrent à utiliser
le passage à niveau qui assurait la liaison
entre la rue des Archers et la rue du Tour- Petit-Château.
il fallut l'établissement de la rue du Viaduc
(entre le passage à niveau de la chaussée
de Mons et celui de la rue du Tour Petit-Château)
pour que l'itinéraire actuellement utilisé
puisse se dessiner de manière complète.
Remarquons, avant d'abandonner définitivement
l'analyse de l'ancien itinéraire en usage dans
ce secteur bouleversé, qu'on y trouvait l'un
des rares changements de direction observables sur
l'ensemble du circuit. Au carrefour de l'ancien chemin
vert et du chemin du Tour Petit-Château se rejoignaient
deux chemins à longue portée. Les pèlerins
y rencontraient un changement d'orientation de 90°
vers la droite.
La carte de Ferraris atteste l'existence d'une chapelle
du Tour à ce croisement. On en a perdu toute
trace aujourd'hui. C'est sans doute à hauteur
du passage à niveau mentionné ci-dessus
que le Tour rencontrait, avant la construction de
la chaussée en 1704, le vieux "Grand Chemin
de Mons à Bruxelles".
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L'itinéraire
actuel
Aujourd'hui, au sortir de la rue des Trois Planches,
les pèlerins parcourent un itinéraire
particulièrement chaotique. Ils tournent d'abord
à droite pour rejoindre, par la chaussée
du Roeulx, le point où celle-ci s'embranche
sur la chaussée de Mons.
Ce secteur a largement perdu de son importance depuis
qu'il a été coupé du reste de
la ville par la ligne Mons-Bruxelles et surtout depuis
la construction du viaduc. Auparavant, c'était
l'endroit le plus fréquenté sans doute
de toute l'agglomération sonégienne.
On comprendra que l'on ait voulu, à la fin
du 19e siècle, y construire plusieurs immeubles
considérables et des bureaux commerciaux à
l'usage des carrières. La proximité
de la gare et les facilités d'accès
justifiaient amplement ce développement.
Après la construction du viaduc, la traversée
du chemin de fer ne se fit plus par passage a niveau.
Par la même occasion, le court tronçon
de route compris entre la voie ferrée et l'embranchement
des deux chaussées devenait absolument inutile.
Il est resté depuis cette époque dans
l'état même où il se trouvait
avant 1936. De cette manière se conserve, sous
la forme d'une archéologie routière,
un témoignage concret qui permet d'évoquer
l'ancien aspect de la voirie. Un demi-siècle
de bouleversement des moyens d'aménagement
et d'amélioration des voiries n'a pas eu prise
sur ce tronçon "oublié".
D'ici, le pèlerin aperçoit la perspective
de la rue de la Station et peut prendre conscience
de la continuité entre elle et la chaussée
de Mons. Ici se trouvait le lieu-dit "Le Borain".
L'allure des maisons s'explique par le fait qu'elles
côtoyaient autrefois l'importante chaussée
de Mons à Bruxelles.
C'est "au Borain" que s'effectuait le contrôle
mentionné ci-dessus. Une grande "bascule"
permettait de peser les chariots et d'infliger des
"procès-verbaux" à ceux qui,
du fait de la surcharge de leur véhicule, risquaient
d'altérer la voie qu'ils empruntaient.
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Débouchant
de la chaussée du Roeulx et tournant vers la
gauche, le pèlerin se retrouve sur le tracé
originel de la chaussée de Mons à Bruxelles
(1704). De cette manière, il se trouve exactement
dans le prolongement de la rue de la Station.
La chaussée de Mons à Bruxelles remplaça
l'ancien "Grand Chemin de Mons" et est considérée
comme la première chaussée moderne construite
entre deux villes dans l'espace belge. Cette initiative
remonte à 1704 et eut pour effet de joindre
le chef-lieu du comté de Hainaut au chef-lieu
du duché de Brabant.
La création de cette route devait avoir des
effets
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extraordinaires
sur le commerce des Pays-Bas (Espagnols, puis Autrichiens)
d'une part, sur
les industries d'extraction du charbon et de la pierre
bleue de l'autre.
Par
la construction de cette chaussée, les carrières
de Soignies se retrouvaient à quelques centaines
de mètres seulement d'un axe d'importance majeure,
axe qui leur permettait d'atteindre à coup
sûr (et à coût sûr) des marchés
aussi importants que Bruxelles et Mons. Au-delà,
c'est l'accès à Anvers et aux Provinces-Unies
(actuels Pays-Bas) et à la France qui se trouvait
largement facilité.
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Bifurquant de nouveau, mais cette fois à
droite, le pèlerin quitte la "vieille
chaussée" pour franchir le viaduc,
il passe ainsi au-dessus de l'importante ligne
Mons-Bruxelles. Le rôle économique
joué par cette dernière à
partir de 1841 ne fut pas moins important que
celui joué par la chaussée à
partir de 1704.
Nouveau changement de direction à une
centaine de mètres de là. Le pèlerin
tourne cette fois vers la gauche et pénètre
dans la rue du Viaduc. L'alignement des maisons
qui bordent le premier tronçon de celle-ci
(côté droit en descendant vers
la rue du Tour-Petit-Château) correspond
selon toute
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