La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chausée de Braine
On atteint de cette manière un nouveau point fort du Tour Saint-Vincent, en l'occurrence la chapelle du Bon Dieu de Gembloux, chapelle située au point de rencontre du chemin Saint-Landry et de la chaussée de Braine.
La chapelle actuelle a été établie en 1708, soit dans la foulée immédiate de l'établissement de la chaussée (1704). Cette date de 1708 peut se lire à l'extérieur, au-dessus du fronton de la porte. Elle est confirmée par le chronogramme, par ailleurs significatif: "Deo Christo patienti saCrVM" (lieu sacré, ou sanctuaire, en l'honneur du Dieu Christ souffrant).

L'orientation de la chapelle dite communément du "Bon Dieu de Djiblou" provient évidemment du tracé modernisé de la voirie. Seule, la croix d'occis qui se trouve incluse à la base du mur de chevet de ce petit oratoire pourrait rappeller une chapelle plus ancienne et, éventuellement, une orientation différente.
L'importance du site de la chapelle du Bon Dieu de Gembloux tient spécialement à sa localisation sur l'un des axes principaux issus du noyau urbain sonégien. Cette chapelle se trouve en effet à la même distance de la collégiale que la chapelle Saint-Vincent, première sur l'itinéraire du Tour, en haut du faubourg d'Enghien.

La chapelle du Bon Dieu de Gembloux permet d'aborder un autre élément remarquable que nous n'avons guère eu l'occasion de souligner jusqu'ici. Comme beaucoup d'autres, cette station est dédiée au Christ … ce qui ramène à la théorie des croix banales. La croix indique nettement un culte rendu au Christ. La présente chapelle, comme plusieurs autres que nous rencontrerons chemin faisant, n'est pas dédiée à saint Vincent, comme on pourrait assez logiquement s'y attendre, mais à la personne du "crucifié".

Le bâtiment est assez modeste mais se présente cependant comme un oratoire. Lors de sa (re ?)construction intervenue en 1708, on a intégré dans le mur de chevet une croix d'occis du type de celles que l'on installe généralement pour commémorer un décès inattendu et dramatique.
Les campagnes étaient (et restent parfois) parsemées de telles croix, souvent de bois mais parfois aussi de pierre, rappelant une mort dramatique, accidentelle ou criminelle. Tel est bien le cas ici puisqu'on peut y lire la "légende" suivante : "Ici passant je vous recommande, de profundis pour l'âme … en son vivant messagé de Valencienne à Anvers en passant au bois de Braine fut tué de plusieurs coups de fusils et venu tomber mort ici l'an 16..".

Cette croix témoigne autant des risques encourus le long des routes anciennes que de la construction, postérieure à 1704, de la chapelle dans laquelle elle est "maçonnée". Elle témoigne également du fait que Soignies et Braine-le-Comte étaient dès le 17e siècle, soit avant la construction de la chaussée, deux points de passage du "messagé de Valencienne à Anvers".

La dévotion au Christ souffrant et la sensibilité particulière manifestée à l'égard de ce moment particulièrement dramatique de sa passion remontent à la fin du moyen âge. Cette prise en compte exacerbée des souffrances du Christ sera poussée parfois jusqu'à l'extrême. Les "Ecce Homo" et autres "Christ au Golgotha" (on en compte au moins trois dans l'entité de Soignies, un au Vieux-Cimetière, un à la collégiale et un à l'église de Chaussée-Notre-Dame) confortaient cette tendance nouvelle des mentalités religieuses.
C'est à Gembloux que se développa tout spécialement le culte à l'égard de
  
Plan intéractif
Introduction
Le Tour commence au faubourg d'Enghien
Le monnument des reliques et la descente de la chasse
Au moment de quitter la collégiale
De la Grand-Place à la Senne
Le pont batteresse
Ancienne porte d'Enghien
Le Faubourg
La cense del Baille
Première chapelle et point de départ du Tour
Autour de la "Maladrée"
Biamont
La guélenne
Le chemin Saint-Landry
La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chaussée de Braine
Le Marais Tilleriaux, chapelle et panégyrique
Sentier Cuvelotte
La vallée de la Caffenière
La chapelle Neunez
La chapelle de "Jésus garotté"
Chapelle Pipi Botte
Chapelle du Perlonjour
Les saudarts del Pint'coût'
Soignies-Carrières
La paroisse de l'Immaculée-Conception
Chapelle de l'école primaire des Soeurs Franciscaines
Carrefour du Trente Juillet
Dans le secteur de la chapelle Bergeret
La chapelle Bottemanne
Le château Wincqz
Les Trois Planches
Chapelle des Carmes
Le secteur le plus bouleversé de l'itinéraire du Grand Tour
Le Nouveau Monde
Moulin et chemin de Neufvilles
Chapelle André
Chapelle Ferbus
Retour au Faubourg
   
cette dimension de l'expérience humaine du Christ. Ce culte consistait notamment à reporter sur la personne du condamné à mort toutes les souffrances physiques que les fidèles pouvaient ressentir dans leur vie. Pratiquement, cette conception se concrétisait par le dépôt de chiffons, généralement imprégnés de sang, autour de la "station" où le Christ était représenté.
Les "Bon Dieu d'Giblo" se reconnaissaient donc aux "oripeaux" qui flottaient tout autour de la statue du Christ. Des prières en vue d'obtenir des interventions miraculeuses accompagnaient le dépôt de rubans et de pièces d'étoffe.

A l'intérieur de la chapelle, au-dessus de l'autel, se trouve une peinture rappelant la flagellation du Christ. Cette évocation picturale rappelle le patronage sous lequel se trouve la chapelle et représente l'indice le plus pariant de la destination très particulière de ce lieu de culte.
On soulignera encore que c'est à proximité de cette chapelle, traditionnellement visitée par les malades en quête de soulagement et de guérison, qu'on présente aujourd'hui aux pèlerins, à l'occasion du passage du Grand Tour, une relique de saint Vincent. On y recueille également des offrandes destinées à l'entretien de la chapelle.
   
Le chemin Saint-Landry
Le Marais Tilleriaux, chapelle et panégyrique
  
 
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