En
face de nous s'étire le "Faubourg".
Pour de nombreux Sonégiens, ce mot suffit à
désigner de manière précise et
univoque le faubourg d'Enghien. Ce dernier est, par
excellence, "le" faubourg de la ville de
Soignies. Ce toponyme s'appuie sur des réalités
et des structures historiques particulièrement
anciennes.
Si l'on considère les premières représentations
cartographiques de la ville de Soignies (et spécialement
le plan de J. de Deventer établi vers 1550),
on constate le développement très précoce
de cette excroissance du noyau urbain encadrant la
collégiale. Lorsque l'assiette urbaine n'offrit
plus d'espace susceptible d'être bâti
sur la rive droite de la Senne, c'est vers le faubourg
d'Enghien que se dirigèrent les regards.
Il faut souligner de ce point de vue le caractère
particulièrement propice du site : le Faubourg
occupe une crête qui, vers l'orient, domine
très nettement la vallée de la Senne.
A l'égard des risques d'inondation, c'est un
secteur spécialement bien protégé
par rapport à la plupart des quartiers anciens
de la ville.
Le mot "Faubourg" est particulièrement
explicite le lundi de la Pentecôte. L'importance
du Faubourg tient notamment au fait qu'il se trouve
le long d'une voie de communication relativement importante
et qu'il bénéficiait, au même
titre que l'intra-muros, de l'ensemble des "bienfaits"
de la Franchise. Celle-ci ne s'arrête en effet
que dans la partie supérieure de la déclivité.
On peut établir une équivalence quasiment
complète entre le Faubourg tel qu'il apparaît
à l'heure actuelle et le Neufbourg tel qu'il
se manifeste à partir de la fin du 12e siècle.
D'un point de vue toponymique, le Faubourg actuel
n'est sans doute que la transposition de l'ancien
Neufbourg. On sait que ce dernier terme était
encore utilisé à la fin du siècle
dernier.
En cas de conflits militaires (et la chose fut fréquente,
au 16e siècle notamment), le Faubourg était
la victime toute désignée de démolitions
préventives et des premières déprédations.
Pendant toute la période moderne, le faubourg
du Neufbourg sera, malgré sa situation en dehors
du périmètre des remparts, une véritable
rue urbaine. Les maisons elles-mêmes témoignent
encore de la destinée particulière de
cette "rue". Elles présentent, en
effet, les mêmes caractères que les habitations
rassemblées dans l'intra-muros: nombreux édifices
des 17e et 18e siècles, maisons à double
corps ou fermes, parcelles alignées, étroites
et profondes, bien serrées les unes contre
les autres.
Derrière les jardins, la campagne reprend ses
droits.
Nous suivons maintenant le faubourg d'Enghien. Des
bâtiments correspondant à d'anciennes
exploitations agricoles s'y trouvent mélangés
avec des habitations à caractère plus
bourgeois.
Voyons d'abord, au prix d'un petit détour dans
la rue de la Senne (ancienne rue du Mouliniau) une
très imposante ferme en carré dont les
bâtiments semblent dans leur majorité
avoir été édifiés vers
1800. L'ancien nom de cette rue s'explique par le
fait qu'elle conduisait, au départ du faubourg
d'Enghien, vers un moulin situé extra-muros,
en aval de la ville, sur le cours de la Senne. Mouliniau
désigne un "petit moulin". Ce toponyme
doit sans doute être compris
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