Biamont
Aujourd'hui, le Tour s'engage vers Enghien avant de bifurquer brusquement à droite et de plonger vers Biamont. Pour atteindre ce dernier lieu-dit, on suit le creux d'un petit vallon de la rive gauche de la Senne.
Biamont constitue un des points importants du Tour. Les pèlerins doivent en effet y franchir une première fois la Senne. L'autre traversée, au chemin dit des Trois Planches, sera moins pénible puisqu'effectuée très en amont et donc en un endroit où la rivière présente un débit moins important.
La tradition orale et des photographies rappellent les conditions dans lesquelles, au début de ce siècle encore, les porteurs des châsses franchissaient la rivière à gué, à quelques mètres en aval de la chute du moulin. Lors de la transformation du site en vue de la construction de la machine hydraulique destinée à refouler l'eau vers le château d'eau du faubourg, on construisit un pont franchissant la Senne à cet endroit. Ainsi se trouvait perdue l'ancienne coutume qui consistait à passer les châsses à gué.
Le lien entre le moulin et la traversée de la Senne est assez naturel. Du fait de leurs fonctions, les moulins attiraient un trafic assez considérable. Les chemins s'y rejoignaient. La clientèle ou les passants y trouvaient un point de traversée. Le moulin devenait ainsi le lieu privilégié du franchissement de la rivière. Pour le charroi, l'opération s'effectuait habituellement sur le site de la "basse-rivière", en aval de la chute des installations hydrauliques. Côté "basse-rivière", les eaux se répandent en éventail tout en perdant progressivement de leur force et de leur profondeur. C'est également un endroit où la boue ne s'accumule guère. C'est, au contraire, un sol ferme que l'on trouve sous les pieds. La retenue d'eau peut enfin être telle que le gué de la basse rivière se trouve presque complètement à sec, ce qui facilite encore d'autant le passage.
Pour leur part, les piétons et l'ensemble des autres pèlerins franchissaient la Senne en empruntant la passerelle placée au-dessus des vannes (tant du côté de la roue que du côté du trop-plein de la rivière). Ils longeaient ensuite le barrage qui coupait à cet endroit la vallée de la Senne.
Le toponyme "Biamont" est signalé dès 1180. Il s'agit déjà à ce moment d'un lieu occupé par un noyau de peuplement. Au moyen âge, le mot "mont" désigne moins un sommet (crête ou colline proprement dite) qu'une montée ou un versant de vallée sur le côté d'une rivière. De ce point de vue, Biamont évoque simplement le versant arable de la Senne à cet endroit.
Dans le fond de la vallée, la Senne traverse aujourd'hui les prairies et se trouve complètement emprisonnée dans un lit canalisé.
On trouvait auparavant en amont du barrage une sorte de pré marécageux qui était la trace de l'ancien vivier formant la réserve d'eau du moulin. Un document de 1442 mentionne dans ce même secteur les "Rosoirs" de la ville. Ce toponyme désigne très probablement des viviers qui se trouvaient en amont de Biamont, à proximité immédiate du moulin.
Par ce biais et par d'autres documents, l'existence d'un moulin à Biamont est attestée dès le 15e siècle. L'aménagement du site dans la perspective de l'utilisation de l'énergie hydraulique est sans doute beaucoup plus ancienne.
La structure du site de Biamont a été considérablement modifiée lors de la construction de la "machine à eau" au début de ce siècle. Cependant, elle se laisse encore partiellement deviner.

Jusqu'à l'aube de notre siècle, le moulin de Biamont se trouvait dans le bâtiment formant angle droit avec l'exploitation agricole que l'on peut voir dans la partie la plus basse du chemin de Biamont. Placé de cette manière, le moulin constituait la suite naturelle de la ferme. On peut penser qu'avec la ferme il formait à l'origine un seul et même ensemble.
Le moulin de Biamont était du type moulin-barrage, l'"usine" occupant l'extrémité du
  
Plan intéractif
Introduction
Le Tour commence au faubourg d'Enghien
Le monnument des reliques et la descente de la chasse
Au moment de quitter la collégiale
De la Grand-Place à la Senne
Le pont batteresse
Ancienne porte d'Enghien
Le Faubourg
La cense del Baille
Première chapelle et point de départ du Tour
Autour de la "Maladrée"
Biamont
La guélenne
Le chemin Saint-Landry
La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chaussée de Braine
Le Marais Tilleriaux, chapelle et panégyrique
Sentier Cuvelotte
La vallée de la Caffenière
La chapelle Neunez
La chapelle de "Jésus garotté"
Chapelle Pipi Botte
Chapelle du Perlonjour
Les saudarts del Pint'coût'
Soignies-Carrières
La paroisse de l'Immaculée-Conception
Chapelle de l'école primaire des Soeurs Franciscaines
Carrefour du Trente Juillet
Dans le secteur de la chapelle Bergeret
La chapelle Bottemanne
Le château Wincqz
Les Trois Planches
Chapelle des Carmes
Le secteur le plus bouleversé de l'itinéraire du Grand Tour
Le Nouveau Monde
Moulin et chemin de Neufvilles
Chapelle André
Chapelle Ferbus
Retour au Faubourg
   

barrage, côté rive gauche. .
De l'autre côté, la levée de terre se terminait dans l'alignement de l'entrée d'une ferme. Cette dernière formait en quelque sorte le pendant du moulin. A cet endroit précis se dresse une chapelle, la deuxième où font halte les pèlerins du Grand Tour.

Débouchant de la passerelle du moulin et du sentier qui suivait la crête du barrage, le pèlerin se trouvait directement en face de cette chapelle. Du fait de la métamorphose du site, le pèlerin actuel la laisse à une cinquantaine de mètres sur sa droite.
 
Les porteurs de la châsse et les cavaliers, quant à eux, contournaient d'abord le moulin, Ils traversaient ensuite le bief destiné à ramener l'eau de la roue vers le cours principal de la Senne. C'est, enfin, à hauteur de l'actuelle machine hydraulique que les porteurs franchissaient, à gué, le cours principal de la rivière, cours principal qu'une écluse commandait à l'autre extrémité de la digue.
Sitôt franchie la rivière, les pèlerins pouvaient se regrouper sur l'assiette de l'ancien "grand chemin" d'Enghien, prolongement du chemin de Steenkerque et du chemin de la Guélenne.

De là, aujourd'hui comme hier, les pèlerins prennent la direction de Soignies, par l'actuel chemin de la Couture.
  
  
En 1911, la création de la "machine à eau" de Biamont entraîna une profonde transformation de tout le secteur, au point même de le rendre quasiment méconnaissable. Le moulin fut désaffecté et la digue en bonne partie effacée. On canalisa la rivière vers l'amont pour empêcher tout risque d'inondation. De nouvelles vannes furent construites en contrebas de l'ancien moulin de manière à accumuler l'eau destinée à actionner la turbine de la machine hydraulique. Juste en aval du bâtiment édifié pour abriter cette machine, on construisit un pont pour permettre le franchissement aisé de la rivière.
Désormais les pèlerins évitèrent la passerelle du moulin et les porteurs des châsses purent franchir le cours d'eau à pieds secs. Signalons encore que cette "machine à eau" (bien millésimée) fut sans doute une des dernières grandes installations à énergie hydraulique construite dans le Hainaut.
A l'heure actuelle, les installations en rapport avec la rivière sont complètement désaffectées.

L'évolution de la topographie du site de Biamont explique pourquoi la chapelle du Tour se trouve à l'entrée de la ferme, en retrait par rapport au chemin de la Couture. Cette chapelle doit en effet être replacée, comme nous l'avons vu, dans la perspective de l'ancien itinéraire des pèlerins.

La chapelle de Biamont se présente sous la forme d'une grande pierre encastrée dans le mur d'enceinte de la ferme, à droite du grillage d'entrée. Au sommet de cette pierre se trouve une niche contenant une statue de Notre-Dame de Tongre.
On peut lire sur le monument l'inscription suivante "A la plus grande gloire de Dieu. Fut érigé à l'honneur de Notre Dame de Tongre par Alexandre Senglier, décédé le 11 xbre 1837, âge de 62 ans, son épouse Marie-Josephe Werts, décédée le 13 février 1861, âgée de 87 ans".
Alexandre Senglier était en même temps le propriétaire de cette ferme (qu'il exploitait comme blanchisserie en se servant des vastes prés bordant la Senne) et du moulin voisin
   
Autour de la "Maladrée"
La guélenne
  
 
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