Ainsi
se dessine tout l'aspect ancien du site.
Il s'y trouvait d'abord un vivier, dit "vivier
de la Gage". Il est probable que l'étang
communal qu'a créé l'administration
communale de la ville de Soignies a repris, sans le
savoir, une forme très proche de celle du vivier
disparu vers la fin du 15e siècle.
Le toponyme "Gage", que l'on retrouve notamment
à Neufvllles (ou le ruisseau Gageole prend
sa source) vient de l'ancien français "gascel"
ou "gaschei" et désigne originellement
une prairie envahie par l'eau, une sorte de marais.
Du fait, sans doute, de l'aménagement systématique
des lieux désignés par ce mot, le toponyme
a fini par désigner une prairie de fond de
vallée drainée par des fossés
soigneusement entretenus, un pré en quelque
sorte.
Le toponyme "Gage" semble attesté
à Soignies dès 1180.
Les
moulins à barrage, du type de celui qui existait
sur ce site et qui explique l'existence d'un vivier,
représentaient une forme archaïque de
mise en valeur de l'énergie hydraulique. ils
résistaient mal aux intempéries et aux
inondations. Ils devaient par ailleurs être
assez lourds à "diriger". Enfin,
un vivier placé directement dans le débouché
d'un cours d'eau ne pouvait que provoquer l'accumulation
des alluvions.
Ce fut sans doute le cas au vivier de la Gage. Nécessitant
des "curages" que son exploitant ne pouvait
mener à bien, le vivier se remplit progressivement
d'alluvions, perdant ainsi une bonne part de sa capacité
et résistant de plus en plus mal aux inondations.
On abandonnera d'abord le moulin. On supprimera ensuite
le vivier que l'on transformera tout naturellement
en pré. C'est chose faite dès 1548.
On
retrouve ainsi à la Caffenière une structure
assez semblable à celle que nous avions rencontrée
à Biamont. Ici comme à Biamont, l'eau
de la rivière (non la Senne dans ce cas mais
un ruisseau plus modeste) est retenue par un barrage.
Ici comme à Biamont, on voit tourner (même
si ce n'est que jusqu'au 15e siècle) un moulin
actionné par l'énergie que fournit l'eau
du cours d'eau.
On
peut dès lors penser que le franchissement
de la rivière s'effectuait à la Caffenière
comme à Biamont
c'est-à-dire
sur la levée de terre du barrage pour les simples
pèlerins (qui évitaient ainsi de se
mouiller les pieds dans la rivière); à
travers le gué de la "basse-rivière",
en aval du moulin, pour les porteurs de la châsse.
Ici
comme à Biamont, une chapelle attend les pèlerins
qui viennent de franchir le fond de la vallée.
Après
avoir traversé la Gage, le pèlerin quitte,
mais pour quelques instants seulement, le fond de
la vallée. Ici, comme le long de la Senne à
Biamont, nous trouvons les traces d'une vie intense
polarisée dès le moyen âge par
la rivière. Cette vie est principalement reflétée
par les documents médiévaux. Un certain
assoupissement semble se marquer à la période
moderne.
La richesse toponymique qui se manifeste dans ce secteur
est la preuve et le signe de sa complexité
et de son ancienneté. Cette dernière
apparaît notamment dans le caractère
mystérieux des noms qu'on y rencontre.
Hameau
de la Caffenière
Le
chemin du Tour rencontre ici un flot d'habitations
construites sur la partie supérieure du versant.
Ces maisons, d'allure relativement modeste, dominent
le site de l'ancienne ferme de la Gage. Vers 1770,
la carte de Ferraris n'en montre aucune. Le plan parcellaire
de Popp, établi vers 1860, en signale par contre
un certain nombre.
Nous ne nous trouvons sans doute pas ici sur le site
ancien du "Hameau de la Caffenière".
Le nom traditionnel du chemin que nous venons d'atteindre
est en effet "chemin des Mottes". Il conduit,
à partir du chemin de Nivelles, vers plusieurs
fermes du bassin supérieur du petit "rieu
de la Gage". Actuellement, plusieurs de ces fermes
sont situées sur le territoire de Braine-le-Comte.
Le toponyme ancien était "chemin de la
Motte".
Ce terme renvoie très probablement à
une motte médiévale qui devait former
le pôle d'une ancienne et modeste seigneurie.
Tout porte à croire que cette motte se trouvait
dans le cadre ou à proximité immédiate
de la ferme dite justement aujourd'hui "ferme
de la Motte"
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