Par
la rue Léon Hachez, naguère rue d'Enghien
et originellement rue du Neufbourg, on se dirige vers
le faubourg d'Enghien, l'ancien Neufbourg. Ce dernier,
désigné dans les textes latins sous
le nom de "novus burgus", existe dès
le 13e siècle et fut probablement créé
dès le 12e siècle dans la perspective
de l'installation des maisons des "burgenses"
de plus en plus nombreux. Un lotissement systématique
a présidé à la subdivision des
espaces situés de part et de d'autre de la
rue.
Mais le Neufbourg ne commençait pas à
l'entrée de l'actuelle rue Léon Hachez.
Il faut sans doute se reporter à l'embranchement
de la rue Léon Hachez et de la rue Cul de Sac
et même au point de traversée de la Senne,
quasiment à l'extrémité de l'actuelle
rue Léon Hachez, pour placer l'entrée
du Neufbourg.
Jusqu'au
moment de la création de l'enceinte urbaine
en 1365, la rue du Mouliniau (ancien nom de la rue
Cul de Sac) rivalisait en importance avec l'actuel
axe "rue Léon Hachez - faubourg d'Enghien".
Rien ne permet donc de voir dans le premier tronçon
de la rue Léon Hachez (entre l'angle de la
Grand-Place et la fontaine Saint-Vincent) un élément
du Neufbourg primitif plutôt qu'un élément
de la rue du Mouliniau.
L'entrée de la rue Léon Hachez étonne
par la chicane qui s'y dessine. Cette configuration
particulière de l'espace s'explique davantage
par le processus de lotissement urbain que par une
quelconque volonté d'assurer la défense
de la collégiale.
Plusieurs
éléments permettent de différencier
deux parties dans la rue Léon Hachez (en deçà
et au-delà du carrefour de la rue Cul de Sac).
Ils tiennent à l'existence de la fontaine Saint-Vincent.
Une
tradition existait au 18e siècle qui voulait
que des chandelles soient allumées au moment
où la procession passait à hauteur de
ce très ancien point d'eau.
Le nom même de cette ancienne fontaine est significatif.
Au 19e siècle, on considérait que l'eau
provenant de cette fontaine (transformée vers
1825 en puits doté d'une pompe monumentale,
ensemble toujours visible à l'heure actuelle)
était la meilleure de la ville. Faut-il voir
là le signe d'une participation de cette eau
au culte rendu à saint Vincent et un reflet
des attentes manifestées à son égard?
Une légende prétendait en outre que
la fontaine était le résultat d'une
intervention de saint Vincent lui-même à
l'occasion d'une effrayante sécheresse. On
sait par ailleurs l'importance des fontaines dans
les sites habités, ces fontaines se distinguant
des puits par l'écoulement perpétuel
qui s'y manifestait. A ce titre, la fontaine Saint-Vincent
était, avec la fontaine Scaffart toute proche,
un des très rares points d'eau permanents et
naturels situés à l'intérieur
de l'agglomération. A la lumière des
légendes qui le concernent, il n'est pas exclu
de penser que ce point d'eau ait pu jouer un certain
rôle dans le processus de fixation d'une communauté
religieuse, d'un lieu de pèlerinage et enfin
d'une communauté villageoise puis urbaine en
ce site bien particulier, dans un méandre de
la Senne.
Sans être explicitement chapelle et point de
prière, la fontaine Saint--Vincent participe
au culte rendu à ce dernier. A cet égard,
elle mérite d'être classée au
rang des monuments dédiés au patron
local.
La
fontaine Saint-Vincent concrétise également
l'accès à l'étroite plaine alluviale
de la Senne. Ici s'achève la première
partie de la rue, celle qui correspond à la
déclivité de la butte sur laquelle se
dresse la collégiale.
|