Le chemin Saint-Landry
Naguère, les participants du Grand Tour Saint-Vincent s'écartaient ici des voiries proprement dites pour se diriger, à travers une prairie, vers la chapelle Saint-Landry. En 1925, Amé DEMEULORE signale: "Il y a, à cet endroit, une solution de continuité dans le chemin du Tour. Toutefois, chaque année, à l'époque de la procession, on établit un passage entre le bien A, 657. Est-ce une servitude? Il est à remarquer que ce chemin figure sur le plan cadastral mais qu'il n'existe pas sur le terrain".
Traverser des champs et des prairies constituait une pratique assez fréquent dans les anciens "tours de pèlerinage".
A Nivelles, de nos jours encore, une partie du Tour Sainte-Gertrude se déroule en dehors des voies carrossables et cela malgré l'utilisation d'un chariot pour le transport de la châsse.
A Jumet, le passage sur un champ, la fameuse "Tierre à l'danse" (voir ci-dessus) donne lieu, même de la part des membres du clergé, à l'esquisse de quelques pas de danse.
Rien ne prouve évidemment qu'un tel usage se manifestait autrefois aux environs de la chapelle Saint-Landry.
Mais peut-être est-ce à ce propos que l'on parie de l'"île du Diable"? Cette expression constitue en tout cas la désignation populaire du site sur lequel est construite la chapelle Saint-Landry. Nous y reviendrons.
Aujourd'hui, un chemin permanent s'est constitué à cet endroit et est évidemment désigné sous le nom de chemin Saint-Landry. Au 19e siècle, le plan parcellaire de Popp ne révèle aucune construction dans ce secteur. Dans la première moitié de ce siècle, une ferme a été établie à l'entrée du chemin Saint-Landry.

C'est à hauteur de cette ferme que se trouve la troisième chapelle du Tour.
Elle a été bâtie en 1958 et abrite, dans une niche, la statue de saint Louis de Montfort et celle de la sainte Vierge.

La quatrième chapelle du Tour, dite chapelle Saint-Landry, se trouve à moins de deux cent mètres de là. Elle retient davantage l'attention, tant du fait de son site que de sa valeur artistique.
Le "véritable" chemin Saint-Landry se limitait à l'origine au chemin qui joignait cette quatrième chapelle à la chaussée de Braine. Le toponyme désigne aujourd'hui l'ensemble de la voirie qui conduit du chemin de la Guélenne au boulevard Kennedy et de là à la chaussée de Braine.
Ce chemin tire évidemment son nom de la chapelle établie au point de rencontre du chemin et du ruisseau qu'il permet de franchir, ruisseau désigné lui-même sous le nom de "rî Saint-Landry".


Jusqu'au 19e siècle, si l'on peut en croire le témoignage du plan parcellaire de Popp, la chapelle Saint-Landry était un point de passage obligé (sur le rî Saint-Landry) pour les piétons qui faisaient le déplacement entre la chaussée de Braine (Soignies) et le populeux hameau de Scaubecq (Braine-le-Comte).
La généralisation de l'usage des véhicules (bicyclettes et automobiles) a provoqué la transformation de ce sentier en une "carrière" permanente.
Le développement récent du zoning industriel de Soignies a provoqué le bouleversement en profondeur du site de la chapelle Saint-Landry. Celle--ci se trouve pour l'instant en contrebas d'une route destinée à desservir l'entreprise la plus proche. Une partie de l'ancien chemin a été complètement redessinée et remodelée dans le courant de l'été 1989.
La chapelle Saint-Landry et son site avant les
transformations récentes (dessin : G. Bavay)
  
  
Plan intéractif
Introduction
Le Tour commence au faubourg d'Enghien
Le monnument des reliques et la descente de la chasse
Au moment de quitter la collégiale
De la Grand-Place à la Senne
Le pont batteresse
Ancienne porte d'Enghien
Le Faubourg
La cense del Baille
Première chapelle et point de départ du Tour
Autour de la "Maladrée"
Biamont
La guélenne
Le chemin Saint-Landry
La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chaussée de Braine
Le Marais Tilleriaux, chapelle et panégyrique
Sentier Cuvelotte
La vallée de la Caffenière
La chapelle Neunez
La chapelle de "Jésus garotté"
Chapelle Pipi Botte
Chapelle du Perlonjour
Les saudarts del Pint'coût'
Soignies-Carrières
La paroisse de l'Immaculée-Conception
Chapelle de l'école primaire des Soeurs Franciscaines
Carrefour du Trente Juillet
Dans le secteur de la chapelle Bergeret
La chapelle Bottemanne
Le château Wincqz
Les Trois Planches
Chapelle des Carmes
Le secteur le plus bouleversé de l'itinéraire du Grand Tour
Le Nouveau Monde
Moulin et chemin de Neufvilles
Chapelle André
Chapelle Ferbus
Retour au Faubourg
   
La chapelle Saint-Landry n'est pas sans rappeler la première chapelle rencontrée dans la partie supérieure du "Faubourg". Comme elle, elle est entièrement en pierre bleue. La niche, assez large, est posée sur un socle massif. L'iconographie représente saint Landry, fils de saint Vincent, en habits épiscopaux. Les inscriptions se réduisent à peu de choses: "Saint- Landry" au centre; "H. Laurent et J.B. Crevaux", les "donateurs" sans doute, dans les coins.

Figuré en compagnie de son père et de son frère Dentelin, Landry assure habituellement, côté saint Vincent de Soignies, la symétrie du groupe montois formé par sainte Waudru et ses deux filles. La tradition fait également de saint Landry un évêque (de Metz ?) et le successeur de saint Vincent à la tête du monastère de Soignies.
Les reliques de saint Landry sont les seules à accompagner celles de saint Vincent sur tout le circuit du Grand Tour. Elles sont actuellement conservées dans une châsse de bois doré (vers 1700) habituellement rangée dans une des armoires qui jouxtent le maître-autel de la collégiale.
On a autrefois retiré de cette châsse la fameuse "chemise de saint Landry", un remarquable tissu d'origine orientale remontant sans doute au 10e siècle. Cette pièce exceptionnelle est maintenant conservée dans le trésor de la collégiale. Cette "chemise" avait pour fonction d'envelopper les ossements du saint. Il était en effet d'usage, au moyen âge, après une translation de reliques, d'envelopper celles-ci dans des tissus précieux. Ce fut le cas à Soignies pour celles de saint Landry.

Personne ne sait pourquoi on désigne encore communément aujourd'hui sous le nom de "l'île du Diable" le site au centre duquel se trouve la chapelle Saint-Landry. Le rapprochement entre l'évocation de saint Landry et celle du diable ne manque pas d'intriguer. Il semble impossible de ne pas relier en un couple antagoniste ces deux références juxtaposées.
Il est vrai que les pèlerins longent à partir d'ici et pendant une centaine de mètres le ruisseau connu sous le nom de "rî Saint-Landry". Il s'agit cependant d'un cours d'eau si modeste qu'une île y est tout à fait inimaginable. Le rî Saint-Landry était également désigné autrefois sous le nom de "rî du Bois". Il drainait en effet une petite vallée fermée vers l'amont par le bois de Braine.

Après avoir dépassé la chapelle Saint-Landry et longé le ruisseau, le Tour remonte vers la chaussée de Braine. Les pèlerins poursuivent désormais leur route sur le versant gauche de ce petit vallon.
Cette partie du chemin Saint-Landry est sans doute de grande ancienneté. Deux indices militent en ce sens. D'une part, bien sûr, son utilisation comme tronçon significatif du "chemin du Tour". Mais, d'autre part, aussi, les hauts talus qui le bordaient autrefois dans la remontée vers la chaussée de Braine, hauts talus effacés à l'heure actuelle mais spécialement attestés par la carte de Ferraris.
Aujourd'hui, le chemin Saint-Landry traverse le zoning industriel qui s'est développé sur le bord du boulevard Kennedy à partir de la fin des années '60. Il traverse le boulevard et passe à proximité de l'ancienne ferme "Trioneau" (mentionnée sur la carte de Ferraris).
   
La guélenne
La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chaussée de Braine
  
 
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