A
l'entrée de l'ancien "chemin de la Planke"
se trouvait la remarquable chapelle Bottemanne. En
1978, celle-ci a été malencontreusement
déplacée et "rétablie"
dans une propriété privée de
la chaussée de Mons. Ici aussi l'autorisation
de démolir prévoyait qu' "en ce
qui concerne la chapelle privée se trouvant
dans le pignon droit des immeubles à démolir,
il incombe au propriétaire de trouver un autre
emplacement pour la reconstruire et ce dans les abords
immédiats de l'emplacement actuel".
Cette chapelle était adossée à
une vieille maison qui formait l'angle entre la rue
Alfred Stekke et la ruelle conduisant à la
rue Pierre-Joseph Wincqz.
Ce remarquable monument, sans doute la plus intéressante
des chapelles sur pied de tout le circuit du tour,
porte plusieurs inscriptions
"MDCCLXXXVI (1786). Ad Majorem Dei Gloriam"
sur le fronton; "Memento Dei non peccabis. Christus
es
Domine". Sur le pied, on peut encore
lire la formule "Saint Vincent, priez pour nous.
Cette chapelle posée par Jean Jh Bottemanne
et Me. Th. Escruel, son épouse, l'an 1762".
Nous retrouvons de cette manière une manifestation
directe du culte à l'égard de saint
Vincent. A ce titre, la chapelle Bottemanne contribuait
largement à démontrer l'ancienneté
de l'itinéraire du tour dans ce secteur.
Cette chapelle du Tour est l'occasion de découvrir
la personnalité de Jean-Joseph Bottemanne.
Son père était, semble-t-il, originaire
d'Ecaussinnes. Un de ses ancêtres pourrait avoir
livré en 1637 les pierres de la façade
du couvent des Dominicains de Braine-le-Comte.
Jean-Joseph Bottemanne a laissé de nombreuses
traces d'une remarquable activité de tailleur
de pierre et de sculpteur. On lui doit notamment les
calvaires de Mont-de-Mainvault et de Lens.
Son monument funéraire, au Vieux-Cimetière,
mérite de retenir l'attention des curieux et
des historiens de l'art. C'est là qu'il se
qualifie lui-même de sculpteur. Et c'est bien
à ce titre qu'il occupe une place remarquable
dans l'histoire des carrières et des chantiers
de taille à Soignies. Alors que la taille de
la pierre n'avait pas encore un siècle d'existence
dans le bassin sonégien, il s'y manifesta comme
un artisan hors du commun, capable de donner forme
humaine au dur calcaire local. il peut même,
si l'on prend en compte ses plus importantes réalisations,
prendre figure d'artiste au sens plein du terme. Il
annonce l'efflorescence de la sculpture sonégienne
du 19e siècle. Sa marque "lB" ou
"JB" (pour Jean Bottemanne) ou "IIB"
ou "JJB" (Jean-Joseph Bottemanne) se retrouve
en de nombreux endroits.
Jean-Joseph Bottemanne n'était peut-être
pas, à proprement parler, maître de carrière(s).
Nulle part d'ailleurs il ne semble porter ce titre.
Et il n'est pas sûr qu'il ait eu des "tâcherons"
à son service. Peut-être rétribuait-il
à l'occasion quelques aides qui l'avançaient
dans son travail. Son statut dans la société
du temps devait être assez important et le mettait
en contact avec des communautés locales susceptibles
de commandes très particulières mais
d'ampleur relativement limitée. Jean-Joseph
Bottemanne, dont l'atelier se trouvait peut-être
ici, n'était sans doute pas en mesure d'accepter
des chantiers tels que la construction de châteaux
ou de bâtiments abbatiaux. Il est plutôt
le représentant d'une forme d'artisanat apportant
une grande valeur ajoutée aux quelques belles
pierres qu'il taillait sur son année.
Quelques mascarons sur divers linteaux de la ville
sont peut-être également de sa main.
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